Le-Monde-de-Sophie

Le Monde de Sophie

De Jostein Gaarder

Sommaire

Résumé 

Tout commence le jour où Sophie Amundsen, une jeune fille de quinze ans, trouve dans sa boîte une lettre qui lui est adressée, et sur laquelle n’est inscrite qu’une seule phrase : «Qui es-tu ?». Une seconde enveloppe lui parvient, et à l’intérieur un nouveau petit mot : «d’où vient le monde ?». L’expéditeur de ces lettres reste un mystère, mais les questions posées intriguent Sophie. C’est le début d’une étrange correspondance qui va plonger la jeune fille en quête de réponses dans une longue visite des principales figures de la philosophie…

Ce roman initiatique a conquis des millions de lecteurs à travers le monde. Sans doute parce que Le monde de Sophie ne donne pas de réponses pré-fabriquées mais parce qu’il pose des questions, de vraies questions.

 

Caractéristiques 

Auteur : Jostein Gaarder
Nombre de pages : 547
Année de parution : 1995
Éditeur : Éditions du seuil

Notes 

« Qui ne sait pas tirer les leçons de 3000 ans vit seulement au jour le jour. » (page 9)
Citation de Goethe

Le jardin d’Éden

« On pouvait peut-être choisir ses amis, mais on ne s’était pas choisi soi-même. Elle n’avait pas choisi d’être un être humain. » (page 18)

« […] lorsqu’elle acceptait l’idée que sa vie puisse prendre fin un jour, elle ressentait alors comme jamais auparavant quelle chance extraordinaire elle avait d’être en vie. » (page 19)

« N’était-ce pas triste de constater que la plupart des gens devaient tomber malades pour savoir apprécier la vie ? » (page 19)

« Tout ce qui existait devait bien avoir un commencement. » (page 21)

Le chapeau haut-de-forme

« […] la seule qualité requise pour devenir un bon philosophe est de s’étonner… » (page 25)

« […] lire ce que d’autres hommes ont pensé peut nous aider à former notre propre jugement de la vie. » (page 28)

« […] tu ne dois pas faire partie de ces gens qui acceptent le monde comme une évidence, ma chère Sophie. » (page 31)

« Ce qui est triste, c’est qu’en grandissant nous nous habituons à bien d’autres choses qu’à la pesanteur. On finit par tout trouver naturel. » (page 32)

« Un philosophe, c’est quelqu’un qui n’a jamais vraiment pu s’habituer au monde. Pour le philosophe, homme ou femme, le monde reste quelque chose d’inexplicable, de mystérieux et d’énigmatique. » (page 33)

« Si tu secoués la tête en ne t’identifiant ni à l’enfant ni au philosophe, c’est parce que tu t’es fait un petit nid tellement douillet que le monde ne t’étonne plus. Dans ce cas, il y a urgence. » (page 33)

Les mythes

« On ne l’a pas écrit (le mythe) simplement pour s’amuser. Ce mythe a aussi un *message* à délivrer.» (page 41)

« Les hommes ont créé les Dieux à leur image […] ils croient que les dieux sont nés avec un corps et des vêtements et qu’ils parlent comme nous. […] Si les taureaux, les chevaux et les lions avaient su peindre, ils auraient représenté les dieux en bœufs, chevaux et lions ! » (page 42)
Citation de Xénophobe (570 av. J.-C.)

« Nous dirons que nous sommes passées d’un mode de pensée mythique à un mode de pensée fondé sur l’expérience et la raison. » (page 42)

« Alors, comme les sciences n’existaient pas à cette époque, ils avaient créé des mythes. » (page 43)

Les philosophes de la nature

« Selon lui (Parménide), tout ce qui existe a toujours existé. » (page 50)

« Rien ne naît de rien, estimait Parménide. Ce qui n’est pas ne peut pas non plus devenir quelque chose. » (page 50)

« Un rationaliste est celui pour qui la raison est la source de toute connaissance du monde. » (page 51)

« Tout s’écoule, dit Héraclite. Tout est en mouvement et rien n’est éternel. » (page 51)

« Héraclite mit aussi l’accent sur les oppositions inhérentes au monde. Si nous n’étions jamais malade, nous ne saurions pas ce qu’est la santé. » (page 51)

« […] la philosophie n’était pas vraiment quelque chose qu’on peut apprendre, mais qu’on pouvait peut-être apprendre à penser de manière philosophique. » (page 57)

Démocrite

« Si nous partons d’un principe que rien ne change, que rien ne naît du néant et que rien ne disparaît jamais, il faut admettre que la nature est constituée dune infinité de petits éléments de construction qui s’assemblent et se défont à nouveau. » (page 63)

« Démocrite avait enfin trouvé la solution en utilisant tout simplement sa raison. » (page 64)

Le destin

« Quand on tombe malade, c’est parce que la nature sort des rails à cause d’un déséquilibre corporel ou spirituel. Le chemin qui mène à la santé passe par modération, l’harmonie et une âme saine dans un corps sain. » (page 72)

Socrate

« Le terme sophiste signifie une personne cultivée et compétente. » (page 81)

« […] tous les hommes peuvent accéder aux vérités philosophiques, s’ils consentent à se servir de leur raison. » (page 84)

« Quand un homme se met à raisonner, il puise en lui-même les réponses. » (page 84)

« Socrate, lui, affirma qu’il ne savait qu’une chose : qu’il ne savait rien. » (page 86)

Platon

« Nos perceptions nous permettent d’avoir seulement de vagues interprétations. Mais ce que nous voyons de l’intérieur grâce à la raison nous conduit à la vraie connaissance. » (page 105)

À propos de la réalité en deux parties vu par Platon :
« La première est constituée par le monde des sens dont nous acquérons une connaissance approximative et imparfaite en nous servant de nos cinq sens, par nature approximatifs et imparfaits.
Ce monde des sens est sous le signe du changement et rien n’y est permanent ; rien effectivement n’y existe une fois pour toutes, il y a seulement des choses qui naissent et disparaissent. » (page 106)

« La deuxième est constituée par le monde des idées qui nous permet grâce a l’usage de notre raison d’accéder à la vraie connaissance. Ce monde des idées est inaccessible aux sens. En revanche, les idées – ou les modèles – sont éternelles et immuables. » (page 106)

Aristote

La logique

« Quand Aristote s’occupe de « faire le ménage » dans l’existence, il commence aussitôt par dire que toutes les choses dans la nature peuvent être divisées en deux groupes principaux. D’une côté les choses inanimées telles que les pierres, les gouttes d’eau et les mottes de terre. Celles-ci n’ont en elles aucune possibilité de se transformer en autre chose. Ces choses non vivantes peuvent, selon Aristote, uniquement se modifier par une intervention extérieur. De l’autre côté, nous avons les choses vivantes qui portent en elles la possibilité de se transformer. » (page 132)

 L’ethique

« Aristote distinguait trois formes de bonheur : la premier forme de bonheur est une vie dans le plaisir et les divertissements. La deuxième forme de bonheur est de vivre en citoyen libre et responsable. La troisième forme de bonheur est de vivre en savant et philosophe. Aristote souligne que ces trois conditions doivent être réunis pour que l’homme mène une vie heureuse. » (page 134)

« Vivre dans l’équilibre et la modération est l’unique moyen pour un homme de connaître le bonheur ou « l’harmonie« . » (page 135)

La politique

Pour Aristote, il y a trois différentes forme réussies d’État :
« La première est la monarchie […] elle ne doit pas succomber à la tyrannie, c’est-à-dire à la mainmise sur l’État d’un seul dirigeant pour son bien personnel. » (page 135)

« Une autre forme d’État est l’aristocratie. […] Cette forme d’État doit veiller à ne pas devenir un jouet entre les mains que quelques hommes de pouvoir. » (page 135)

« La troisième forme d’État, Aristote l’appelait polis ce qui signifie démocratie. […] Une démocratie peut rapidement dégénérer en état totalitaire. » (page 135)

L’image de la femme

« […] pour reprendre les termes d’Aristote : l’homme donne la forme et la femme la matière. » (page 136)

« […] cela montre à quel point il est dangereux de laisser les hommes entièrement souverains en matière de philosophie et de science. » (page 136)

L’héllénisme

« Il importe davantage de respecter la croyance de chacun plutôt que se demander pourquoi tous ne croient pas en la même chose. » (page 144)

« Une nouvelle société d’échelle mondiale vit le jour, au sein de laquelle la culture et la langue grecques jouèrent un rôle prédominant. Cette période, qui dura environ 300 ans, on l’a appelé l’héllénisme. » (page 147)

4 courants philosophique pendant l’héllénisme :

1. Le cynisme

« Les cyniques mettaient l’accent sur le fait que le bonheur n’est pas dans les choses extérieurs comme le luxe matériel, le pouvoir politique et la bonne santé. Le vrai bonheur est de savoir se rendre indépendant de ces conditions extérieurs, accidentelles et instables. C’est justement parce que le véritable bonheur ne dépend pas de ce genre de choses qu’il est à la portée de tous. » (page 150)

« Les cyniques pensaient que l’homme ne devait se préoccuper ni de sa propre santé, ni de la souffrance, ni de la mort. Ils ne devaient pas non plus se laisser troubler en prêtant attention aux souffrances d’autrui. » (page 150)

2. Le stoïcisme

« C’est pourquoi l’homme doit apprendre à se réconcilier avec son destin. Selon eux, rien n’arrive par hasard. Tout ce qui arrive est le fruit de la nécessité et rien ne sert de se lamenter quand le destin vient frapper à la porte. » (page 152)

3. L’épicurisme

« Ainsi il (Aristippe) voulait développer un art de vivre qui consistait à éviter toute forme de souffrance. (Le but des cyniques et des stoïciens était d’accepter la souffrance sous toutes ses formes. ) » (page 152)

« Selon Épicure, la satisfaction d’un désir à court terme doit être mise dans la balance avec la possibilité d’un plaisir plus durable ou plus intense à long terme. » (page 153)

« La mort ne nous concerne pas, affirmait Épicure tout simplement. Car tant que nous existons, la mort n’est pas là. Et quand vient la mort, nous n’existons plus. » (page 153)
Citation du livre Lettre à Mécenée

4. Le néo-platonisme

« Le monde est selon Plotin tendu entre deux pôles. D’un côté il y a la lumière divine, ce qu’il appelle l’Un ou parfois Dieu. De l’autre côté règne l’obscurité totale, là où la lumière de l’Un ne peut pénétrer. Toute la démarche de Plotin est de nous faire prendre conscience que cette obscurité n’a pas d’existence. » (page 155)

« […] ce que tu perds a infiniment moins de valeur que ce que tu gagnes. » (page 157)

« Tu te perds toi-même dans ta forme présente, mais tu prends aussi conscience que tu es quelque chose d’infiniment plus grand. » « (page 157)

Selon Swami Vivekananda :
« De même que certaines religions dans le monde nomment athée l’homme qui ne croient pas à un Dieu existant en dehors de sa personne, nous disons quant à nous qu’est athée l’homme qui ne croit pas en lui-même. De ne pas croire à la splendeur de sa propre âme, voilà ce que nous nommons athéisme. » (page 158)

Deux cultures

« Pour finir, les Indo-Européens ont eu une conception cyclique de l’histoire. Cela signifie qu’ils vivent l’histoire comme un perpétuel recommencement, une succession de cycles, exactement comme dans le cycle des saisons le printemps succède à l’hiver. L’histoire ne connaît donc ni commencement ni fin. Il est souvent question de différents mondes qui naissent et disparaissent dans une succession éternelle de vie et de mort. » (page 172)

Les Sémites

« Une autre caractéristique sémitique est que les Sémites ont eu une vision linéaire de l’histoire. Ce qui revient à dire que l’histoire est conçue comme une ligne droite. Dieu créa un jour l’univers et ce jour marque le début de l’histoire. Mais un jour viendra om l’histoire arrivera à son terme, c’est le jour du jugement dernier, lorsque Dieu reviendra juger les vivants et les morts. » (page 173)

Le moyen-âge

« 529. C’est l’année où l’Église fit fermer les portes de l’Académie de Platon à Athènes. La même année, l’ordre des bénédictins vit le jour. Ce fut le premier ordre monastique. Ainsi l’an 529 est-il le symbole de la mainmise de l’Église sur la philosophie grecque. Désormais les monastères eurent le monopole de l’enseignements, de la réflexion et de l’exégèse. » (page 191)

« Les philosophes de cette époque avaient tout simplement admis que le christianisme disait la vérité sans trop se poser de questions, commença-t-il. Tout le problème était de savoir si l’on pouvait se contente de croire à la révélation chrétienne ou bien si l’on pouvait appréhender les vérités chrétiennes par la raison. Quel était le rapport entre les philosophies grecs et ce qu’enseignait la Bible ? Y avait-il opposition entre la Bible et la raison, ou pouvait-on concilier la foi et le savoir ? » (page 195)

« … ne faire qu’un bout de chemin n’est pas la même chose que de se tromper de chemin. » (page 201)

La renaissance

« Nous ne sommes pas seulement des êtres humains, nous sommes aussi des individues uniques. D’où le risque d’aduler le génie en tant que tel. L’idéal devint ce que nous appelons l’homme de la Renaissance, c’est-à-dire un être humain qui s’intéresse à tout ce qui trait à la vie, l’art ou la science. » (page 221)

« Le savoir est le pouvoir déclara le philosophe anglais Francis Bacon. » (page 224)

« Galilée la formula (la loi de l’inertie) en ces termes : « La vitesse originelle d’un corps céleste se maintiendra très exactement tant que les causes extérieurs d’accélération ou de ralentissement n’interviennent pas. » » (page 226)

« Newton vint et formula ce que nous appelons la loi de la gravitation universelle. Cette loi dit que chaque corps attire un autre corps avec une force proportionnelle à la masse des corps et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare. » (page 230)

La reforme

Pour Martin Luther :
« Chacun devait pouvoir lire la Bible et d’une certaine façon devenir son propre pasteur. » (page 233)

Le Baroque

« – To be or not to be – That is the question.
– Oui, c’est Hamlet qui dit ça. Aujourd’hui nous sommes sur terre, demain nous ne serons plus là. […]
Shakespeare, déjà, écrivait ! « Nous sommes de l’étoffe dont les rêves sont faits, et notre petite vie est entourée de sommeil… » » (page 249)

« Citons par exemple le vieux sage chinois Tchouang-tseu (environ 350 avant Jésus-Christ) :  » Un jour j’ai rêvé que j’étais un papillon, et à présent je ne sais plus si je suis Tchouang-Tseu qui a rêvé qu’il était un papillon ou bien si je suis un papillon qui rêve que je suis Tchouang-tseu. » » (page 250)

« Le médecin et philosophe français La Mettrie écrivit vers le milieu du XVIIIe un livre intitulé L’homme machine où il dit que tout comme la jambe possède des muscles pour marcher, le cerveau a des « muscles » pour penser. » (page 251)

« Le mathématicien français Laplace alla encore plus loin : si une intelligence avait connu la situation de toutes les particules de matière à un moment donné, « rien ne serait incertain et le passé comme l’avenir s’offriraient à ses yeux ». L’idée est que tout ce qui se passe est décidé à l’avance. « Les jeux sont faits. » Cette conception du monde s’appelle le déterminisme. » (page 251)

Descartes

« Il (Descartes) raconte qu’il voulait dorénavant chercher une connaissance qu’il trouverait soit en lui-même soit dans le grand livre du monde. » (page 253)

« – Qu’entends-tu par « système philosophique » ?
– J’entends par là une philosophie qui reprend tout à zéro et tente d’apporter une réponse à tous les problèmes philosophiques. » (page 254)

« Quand nous rêvons, nous croyons bien vivre quelque chose de réel. Qu’est-ce qui différencie nos perceptions à l’état de veille de celles dans nos rêves ? « Quand je considère attentivement cela, je ne trouve pas une seule qualité qui sépare nettement la veille du rêve« , écrit Descartes. Et de poursuivre : « Comment être sûr que toute la vie n’est pas qu’un rêve ?  » » (page 257)

« Mais Descartes voulait partir de zéro et ce doute fondamental était sa première et unique certitude. Mais s’il doute, il doit aussi être sûr qu’il pense, et s’il pense, il doit donc être un être pensant. Ou comme il le dit lui-même : Cogito ergo sum (Je pense, donc je suis) » (page 257)

« Descartes peut dès lors affirmer qu’il existe deux différentes formes de réalité ou deux « substances« . La première substance est la pensée ou l’âme, l’autre est l’étendue ou la matière. L’âme est consciente d’elle-même, elle ne prend pas de place et ne peut par conséquent se diviser en plus petites parties. La matière au contraire s’étend, elle occupe une place dans l’espace et peut indéfiniment se subdiviser, mais elle n’est pas consciente d’elle-même. » (page 259)

Spinoza

« Pour les philosophes, l’éthique est la doctrine des principes de la morale pour mener une vie heureuse. […] De nos jours, l’éthique s’est vue réduite à un ensemble de règles à respecter pour ne pas marcher sur les pieds de son voisin… » (page 267)

« Un être humain peut lutter pour conquérir une liberté qui le délivre de contraintes extérieurs, mais il ne jouira jamais d’une libre volonté. Comment pourrions-nous décider de tout ce qui se passe dans notre corps, qui n’est lui-même qu’un mode de l’attribut de l’Étendue ? » (page 271)

« Spinoza entend par là que ce sont des passions de l’âme telles que la vanité ou le désir qui nous empêchent d’atteindre le bonheur et l’harmonie. Mais il s’agit de percevoir dans une vision d’ensemble que tout fait partie de la Nature pour former un grand Tout. Ainsi que nous connaîtrons la béatitude et la paix de l’esprit. C’était ce que Spinoza appelait tout voir sub specie aeternitatis (sous l’angle de l’éternité). » (page 272)

Locke

À propos de Descartes et Spinoza :
« – Et un rationaliste, c’est quelqu’un qui croit au pouvoir de la raison.
– Oui, un rationaliste croit que la raison est à la source de la connaissance. » (page 279)

« Un empiriste veut déduire toutes ses connaissances sur le monde de ce que ses sens lui transmettent. Il faut partir d’Aristote pour trouver la formule classique : « Rien n’existe dans la conscience qui n’ait existé avant dans les sens. » » (page 279)

« Les qualités primaires des sens recouvrent le volume, le poids, la forme, le mouvement et le nombre des choses. Nous pouvons affirmer que nos sens nous renseignent utilement sur ces qualités. Mais nous disons aussi que quelque chose est sucré ou acide, vert ou rouge, chaud ou froid : c’est ce que Locke appelle les qualités secondaires des sens. Et ces impressions telles que la couleur, l’odeur, le goût ou le son, ne sont pas des qualités immanentes aux choses. Elles ne reflètent que l’effet produit sur nos sens. » (page 281)

« Il s’intéressait également à l’égalité entre les sexes. Il pensait en effet que la position subordonnée de la femme par rapport à l’homme n’était pas une donnée de la nature, mais bien le fait des êtres humains. Ce qui revenait à dire qu’on pouvait aussi changer cet état des choses. » (page 282)

« Pour fonder un État sur le droit, il faudrait selon Locke que les représentants du peuple rédigent les lois et laisser le roi ou le gouvernement les mettre en application. » (page 283)

Hume

« Il commence par distinguer deux types de représentations chez l’homme : les impressions et les idées. Les impression* sont des perceptions vives et immédiates tandis que les idées sont les souvenirs attachés à ces impressions. » (page 287)

« Hume démontre ainsi que les soi-disant lois naturelles comme la loi de cause à effet relèvent de l’habitude et ne sont aucunement fondées sur la raison. […] Nous ne naissons pas avec des idées préconçues sur la bonne marche du monde. Le monde se présente à nous tel qu’il est et nous le découvrons jour après jour grâce à nos sens. » (page 294)

« […] Hume s’attaque à la pensée rationaliste selon laquelle la différence entre le bien et le mal est inscrite dans la raison de l’homme. Hume au contraire soutient que ce n’est pas la raison qui détermine ce que nous disons ou faisons. […] Ce sont nos sentiments. Si tu décides d’aider quelqu’un qui en a besoin ce sont tes sentiments qui te poussent à agir et non ta raison. » (page 294)

« […] nous ne devons jamais glisser d’une phrase décrivant ce qui est à une phrase de type il faut. »
Note : il s’agit du passage d’une phrase descriptive à une phrase d’énoncé normatif.

« Pour résumer, la raison ne peut nous dire comment nous devons agir. Et ce n’est pas en triturant nos méninges que nous nous comporterons en adulte responsable, car ce n’est qu’une question de coeur. » (page 297)

Bjerkely

« Le désir de savoir pourquoi nous visions n’est donc pas une occupation aussi « accidentelle » que celle de collectionner des timbres. Celui qui se pose ce genre de questions rejoint en cela les préoccupations de toutes les générations qui l’ont précédé… » (page 310)

Le siècle des lumières

« – Je crains que rien de tout ceci ne soit réel.
– C’est ce qu’on appelle l’angoisse existentielle, et qui n’est pas plus part du temps qu’une étape sur le chemin de la connaissance. » (page 327)

« Sous la surface d’un océan parfaitement calme peuvent se produire toutes sortes de phénomènes en profondeur, se dit-elle. » (page 330)

« L’idée était que l’individu seul doit être à même de répondre aux questions qu’il se pose. » (page 333)

« – Oui, il s’agissait maintenant d‘éclairer les couches profondes de la population. C’était la condition sine qua non pour fonder une meilleure société. La misère et l’exploitation n’étaient selon eux que la conséquence de l’ignorance et de la superstition si répandues parmi les peuples. » (page 334)

« Ces philosophes pensaient qu’il suffisait de répandre la raison et la connaissance pour que l’humanité progresse à grand pas. Ce n’était qu’une question de temps pour que l’ignorance et la superstition cèdent la place à une humanité éclairée. » (page 334)

« Le déisme est une conception selon laquelle Dieu a crée le monde il y a très, très longtemps, et ne s’est pas manifesté depuis. Dieu se réduit donc à un « Être suprême » qui ne se révèle qu’à travers la nature et ses lois, et non de manière « surnaturelle ». » (page 335)

Kant

« D’un côté nous avons les éléments extérieurs que nous ne pouvons pas connaître avant d’en avoir fait l’expérience et c’est ce que nous appelons la matière de la connaissance. De l’autre nous avons les caractéristiques de la raison humaine, comme de concevoir chaque élément dans l’espace et le temps ou encore de le situer dans un rapport de cause à effet : c’est ce que nous appelons la forme de la connaissance. » (page 344)

À propos des problèmes tels que « a-t-on une âme immortelle, Dieu existe-t-il, l’univers est-il fini ou infini » :
« Concernant des problèmes de cette importance, Kant trouvait que la raison s’exerçait en dehors du champs de la connaissance. Mais c’est un trait caractéristique de la nature humaine – ou de la raison – que d’éprouver le besoin de se poser précisément ce type de question. Ainsi, quand nous nous demandons si le monde est fini ou infini, nous posons une question sur un tout dont nous ne formons qu’une infime partie. C’est pourquoi nous ne pouvons prétendre parvenir à connaître ce tout. » (page 348)

« Un postulat, c’est quelque chose qu’on affirme sans le démontrer et un postulat pratique c’est quelque chose qui à trait pratique de l’homme, autrement dit sa moral. « C’est une nécessité morale que d’accepter l’existence de Dieu  » dit-il (Kant). » (page 350)

« Il ne faut pas espérer comprendre qui nous sommes. […] Encore moins ce qu’est l’univers. » (page 351)

« Oui, la faculté de distinguer le bien du mal est innée comme toutes les autres qualités de la raison. De même que tous les hommes admettent le principe de causalité au sein de l’univers, tous ont accès à la même loi morale universelle. Cette loi est aussi absolue que les lois physiques pour les phénomènes naturels. » (page 352)

« Elle ne dit pas ce qu’il faut faire ou ne pas faire dans telle ou telle circonstance, mais ce qu’il convient de faire en toute circonstance. […] Il (Kant) commence par dire : Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne un loi universelle.
– Quand je fais quelque chose, je dois donc désirer que tous les autres dans la même situation aient la même attitude que moi, c’est ça ? » (page 352)

« Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. » (page 353)

Le romantisme

« Tout comme nous devons pouvoir nous mettre à la place de quelqu’un d’autre pour mieux comprendre sa situation, nous devrions être capables de nous imaginer vivre dans d’autres cultures pour mieux les comprendre. » (page 370)

« Ce qui relie ces deux aspects du romantisme, c’est la notion d’organisme. Tout, que ce soit une plante, le peuple, un poème, la langue ou la nature tout entière, était considéré comme un organisme vivant. L’esprit du monde était tout aussi présent dans la culture populaire que dans la nature et l’art. » (page 371)

Hegel

« Hegel dit que la vérité est fondamentalement subjective et il ne croyait pas qu’il puisse exister une vérité au-dessus ou en dehors de la raison humaine. Toute connaissance est connaissance humaine, pensait-il. » (page 381)

« Sa philosophie ne nous apprend rien sur la prétendue nature intime de l’existence, mais elle peut nous apprendre à réfléchir de manière efficace. » (page 381)

« Toutes les pensées que la tradition fait déferler sur nous, d’une part, et les conditions matérielles qui déterminent notre présent, d’autre part, concourent à définir notre mode de pensée. » (page 382)

« Chaque chose peut être juste ou fausse selon le contexte historique. » (page 382)

« Il suffit d’étudier un tant soit peu l’Histoire pour se rendre compte qu’une pensée vient souvent se greffer sur d’autres pensées plus anciennes. Mais, à peine posée, cette pensée va être contrée par une nouvelle pensée, créant ainsi une tension entre deux modes de pensée. Et cette contradiction sera levée grâce à une troisième pensée qui conservera le meilleur des deux points de vue. C’est ce que Hegel appelle un processus dialectique. » « (page 384)

« Il (Hegel) a qualifié les trois stades de la connaissance de thèse, antithèse et synthèse. » (page 384)

« Quand nous discutons ou voulons expliquer quelque chose, nous pensons de manière dialectique. Nous essayons de déceler les défauts de l’argumentation : c’est ce que Hegel nomme « penser négativement« . » (page 385)

Kierkegaard

« Pour Kierkegaard, la religion s’imposait avec une évidence telle qu’elle s’opposait à la raison et qu’il fallait faire un choix : c’était soit l’un soit l’autre. On ne pouvait pas être un peu chrétien ou jusqu’à un certain point. Car soit le Christ était ressuscité le jour de Pâques, soit il ne l’était pas. » (page 399)

« C’est l’existence de chacun qui est essentielle et l’homme ne prend pas conscience de son existence derrière un bureau. C’est dans l’action et tout particulièrement face à nos choix que nous affaire à notre propre existence. » (page 401)

« Kierkegaard dit également que la vérité est subjective. Ce qui, dans son esprit, ne revient pas à dire que toutes les opinions se valent, mais que les vérités vraiment importantes sont personnelles. Ce sont seulement ces vérités qui sont une vérité pour moi. » (page 401)

« Il faut dont faire la distinction entre le problème philosophique de l’existence de Dieu et l’attitude individuelle face à la même question. Chaque homme se retrouve seul pour répondre à des questions de ce genre. Et seule la foi peut nous permettre d’approcher ces problèmes fondamentaux. Les choses que nous pouvons savoir avec notre raison sont, selon Kierkegaard, tout à fait accessoires. » (page 402)

« Tu ne peux pas savoir si quelqu’un t’a pardonné une mauvaise action et c’est pourquoi c’est si important pour toi de le savoir. C’est une question qui peut t’accompagner toute ta vie. Impossible de savoir non plus si quelqu’un d’autre t’aime. Tu peux tout au plus le croire ou l’espérer. Mais tu conviendras que c’est autrement plus important pour toi que de savoir que la somme des angles d’un triangle est égale à cent quatre-vingts degrés. » (page 402)

« Mais c’était aussi une critique de la tradition philosophique, à commencer par celle de Hegel. Mais c’était aussi toute une critique de la civilisation, car dans la société moderne l’homme est devenu le grand public ou la masse, et son signe distinctif est de pouvoir parler de tout et de rien. Nous dirions peut-être aujourd’hui que c’est le conformisme qui domine, c’est-à-dire que tous pensent et défendent la même chose sans avoir le moindre réel engagement vis-à-vis de cette chose. » (page 403)

« Il pouvait lancer des formules incendiaires du genre « la foule est le contraire de la vérité » ou encore « la vérité est toujours du côté de la minorité« . La plupart des gens se contentait de jouer à vivre sans se poser la moindre question. » (page 403)

« Kierkegaard considérait qu’il y avait trois attitudes possibles face à l’existence. Lui emploie le terme de stades : le « stade esthétique« , le « stade éthique » et le « stade religieux« . » (page 403-404)

« Celui qui vit au stade esthétique vit dans l’instant et recherche à tout moment son plaisir. Le bien est ce qui est beau, agréable ou plaisant. […] L’esthète est le jouet de ses désirs et de ses émotions. Est négatif tout ce qui est ennuyeux […] » (page 404)

« Quelqu’un qui vit au stade esthétique ressent rapidement un sentiment d’angoisse et de vie. Mais, si tel est le cas, il y a aussi de l’espoir. Kierkegaard considère en effet l’angoisse comme quelque chose de presque positif, car elle est l’expression qu’on se trouve dans « situation existentielle« . L’esthète peut choisir de faire le grand « saut » pour atteindre le stade supérieur. » (page 404)

« C’est un stade (le stade éthique) empreint de gravité et où l’on tente de vivre selon des critères moraux. […] Pour Kierkegaard non plus, le « stade éthique » n’est pas satisfaisant. L’homme de devoir finira par se lasser d’être si conscient de son devoir et de ne jamais faillir à la règle de vie qu’il s’est fixée. Beaucoup de personnes connaissent cette lassitude à l’âge adulte. C’est pourquoi certains retombent au stade esthétique où la vie ressemble à un jeu. » page 405

Marx

« Au lieu des grands systèmes spéculatifs, nous trouvons ce que l’on appelle une « philosophie de l’existence » ou une « philosophie de l’action« . Tel est le fond de la pensée de Marx lorsqu’il constate : « Les philosophes se bornent à interpréter le monde alors qu’il s’agit de le transformer. » » (page 414)

« Ce ne sont pas les conditions spirituelles qui sont à l’origine des changements dans les conditions matérielles de l’existence, mais le contraire : Les conditions matérielles déterminent de nouvelles conditions spirituelles. Marx souligne donc tout particulièrement le poids des forces économiques au sein de la société, qui introduisent toutes sortes de changements et par là même font progresser l’histoire. » (page 415)

« Ces conditions matérielles, économiques et sociales, Marx leur donna le terme d‘infrastructure. Le mode de pensée d’une société, ses institutions politiques, ses lois, sans oublier sa religion, son art, sa morale, sa philosophie et sa science, Marx appela tout ça la superstructure. » (page 416)

« […] correspond aux trois niveaux ou couches de l’infrastructure de la société. Tout à la base, on trouve les conditions de production, c’est-à-dire les conditions naturelles ou les ressources naturelles. […] La deuxième marche de l’infrastructure concernent les moyens de production. […] (La troisième couche) L’organisation du travail, c’est-à-dire la répartition du travail et le statuts des propriétaires, c’est ce que Marx a appelé les rapports de production. » (page 417)

« Nous pouvons déjà conclure que le mode de production au sein d’une société détermine l’aspect politique et idéologique de cette société. » (page 417)

« Marx dit que c’est la classe dirigeante qui, en gros, détermine ce qui est bien et ce qui est mal. Car toute l’histoire n’est qu’une histoire de luttes de classes. L’histoire ne fait que retracer la lutte pour s’emparer des moyens de productions. » (page 418)

Dans une société capitaliste :
« D’un côté il y a ceux qui possèdent les moyens de production, de l’autre ceux qui ne les possèdent pas. Et parce que la classe dirigeante ne veut pas laisser échapper son pouvoir, seule une révolution peut l’obliger à le faire. » (page 418)

« Il y a un rapport dialectique entre la « main » et « l’esprit« . La connaissance de l’homme entretient donc un lien étroit avec son travail. » (page 419)

« Dans le système capitaliste, l’ouvrier travaille pour quelqu’un d’autre. Son travail lui devient quelque chose d’extérieur, quelque chose qui ne lui appartient plus. Il devient étranger à son propre travail et de ce fait étranger aussi à lui-même. Il perd sa réalité en tant que personne. Marx utilise l’expression hégélienne pour dire que le travailleur est l’objet d’un processus d’aliénation. » (page 419)

« Dans la société capitaliste, le travail est organisé de sorte que le travailleur fait au bout du compte un travail d’esclave pour une autre classe sociale. Le travailleur remet sa force de travail – et par là même toute son existence d’homme – à la bourgeoisie. » (page 419)

« Si tu soustrais du prix de vente le salaire du travailleur et les autres coûts de production, il restera toujours une somme. Cette somme, Marx l’appelle la plus-value ou le profit. Cela revient à dire que le capitaliste détourne à son profit une valeur que le travailleur seul à créée. C’est ça, l’exploitation. » (page 421)

« Le capitaliste peut alors investir dans une partie de son profit dans un nouveau capital, par exemple dans la modernisation des unités de productions. Mais ce sera à la seule fin de pouvoir baisser les coûts de production et d’augmenter encore, de ce fait, son profit. » (page 421)

Darwin

« Pour Marx, l’idéologie des hommes était le produit des conditions matérielles de la société. Darwin montra que l’homme était le fruit d’une longue évolution biologique et, grâce à ses recherches sur l’inconscient, Freud mit en évidence que les actions des hommes sont souvent le fait de pulsions ou d’instincts. » (page 429)

« Dans son livre De l’origine des espèces, Darwin pose d’emblée deux théories ou, si tu préfères, deux thèses principales : la première, c’est que toutes les plantes ou les animaux qui existent aujourd’hui, descendent de formes plus anciennes, plus primitives. il affirme donc qu’il se produit une évolution biologique. La deuxième, c’est que l’évolution est due à une sélection *naturelle*. » « (page 432)

« Darwin, je le répète, était un homme prudent. […] Sur ce point, il rejoint tous les vrais philosophes : l’important, c’est de se poser la question et il ne s’agit surtout pas d’y répondre trop hâtivement. » « (page 434)

La pensée de Darwin :
« … en disant que la « matière première » ou le matériau de la vie sur terre, ce sont les constantes variations entre les individues d’une seule et même espèce, et le taux de natalité élevé n’est là que pour permettre aux plus fort de se développer. Ce mécanisme ou cette énergie de vie à l’origine de toute l’évolution, c’est la sélection naturelle dans la lutte pour la vie. Cette sélection a pour conséquence que seuls les plus forts ou les mieux adaptés survivent. » (page 440)

« La planète vivante, c’est nous, Sophie ! Nous sommes le grand bateau qui navigue autour d’un soleil brûlant au sein de l’univers. Mais chacun d’entre nous est aussi un bateau qui traverse la vie avec son chargement de gènes. Si nous parvenons à livrer la marchandise à bon port, nous n’aurons pas vécu en vain. » (page 451)

Freud

« Le terme psychanalyse recouvre à la fois une description de l’âme humaine en général et une méthode pour soigner les souffrances nerveuses et psychiques. » (page 455)

« Il n’y a pas que la raison pour guider nos actions. L’homme n’est pas un être purement rationnel comme ont voulu nous le faire croire les rationalistes du XVIIIe siècle. Bien souvent, ce sont des impulsions irrationnelles qui déterminent ce que nous pensons, rêvons ou faisons. Ces impulsions irrationnelles peuvent être l’expressions d’instincts ou de désirs profonds. La pulsion sexuelle de l’être humain, par exemple, est quelque chose d’aussi fondamental que le besoin de succion chez le nouveau-né. » (page 456)

« Quand nous venons au monde, nous manifestons de façon directe et sans la moindre gêne tous nos besoins physiques et psychique. […] Ce « principe de pulsion« , de plaisir en nous, Freud l’appelle le ça. » (page 457)

« Le ça, ou ce principe de plaisir, nous le gardons en nous et traversons toute notre vie d’adulte avec. Mais progressivement nous apprenons à modérer nos désirs et à nous conformer aux règles du monde qui nous entoure. Nous apprenons à laisser s’effacer le principe de plaisir devant le principe de réalité. Freud dit que nous construisons un moi qui exerce cette fonction régulatrice. » (page 458)

« Même si nous avons envie de quelque chose, nous savons que nous ne pouvons pas tout simplement nous asseoir et hurler jusqu’à ce que nous obtenions la satisfaction de nos désirs ou de nos besoins. » (page 458)

« Il nous arrive souvent de désirer ardemment quelque chose que le monde extérieur nous refuse. Nous sommes donc obligés de refouler nos désirs. C’est-à-dire que nous essayons de les écarter de nous et de les oublier. » (page 458)

« Dès notre enfance, nous sommes confrontés aux exigences morales des adultes et de notre milieu. […] Ainsi, en grandissant, nous traînons derrière nous toutes ces exigences et ces préjugés moraux. C’est comme si nous avions fini par intérioriser toutes ces attentes du monde extérieur sur le plan moral et qu’elles étaient devenues une partie de nous. C’est ce que Freud a appelé le surmoi. » (page 458)

« La conscience fait partie du surmoi, mais pour Freud le surmoi nous prévient quand nous avons des désirs sales ou de mauvais goût. Cela concerne surtout, il va sans dire, les désirs érotiques ou sexuels. » (page 458)

En disant aux enfants de ne pas se toucher leur organe sexuel :
« On crée de cette façon un sentiment de culpabilité lié à tout ce qui trait aux organes sexuels et à la sexualité. Et comme ce sentiment de culpabilité reste dans le surmoi, beaucoup de personnes (Freud pense qu’il s’agit en fait de la majorité) vivront toute leur vie avec ce sentiment de culpabilité lié à la sexualité, alors que les désirs et les besoins sexuels font partie intégrante du corps de l’homme tel qu’il a été conçu. D’où ma chère Sophie, l’éternel conflit entre le désir et la culpabilité. » (page 459)

« […] un grand nombre des patients de Freud vécurent ce conflit de manière si dramatique qu’ils développèrent ce que Freud appelle des névroses. » (page 459)

« Après des années d’expérience au contact de ses patients, Freud parvint à la conclusion que la conscience de l’homme ne constitue qu’une infime partie de l’âme humaine. Ce qui est conscient peut se comparer à la partie émergée de l’iceberg. Sous la surface de l’eau – au deçà de la conscience – il y a tout ce dont nous ne sommes pas conscients, le subconscient ou encore l’inconscient. » (page 459)

« Toutes nos expériences ne sont pas présentes en permanence dans notre conscience. Mais toutes les pensées ou les expériences qui peuvent nous revenir en mémoire, pour peu que nous nous donnions la peine de nous concentrer, forme ce que Freud appelait le préconscient. Il n’utilisait le terme inconscient que pour parler de ce que nous avons refoulé, c’est-à-dire toutes ces pensées et ces choses que nous nous sommes efforcés d’oublier parce qu’elles étaient inconvenantes et déplacées, voire dégoûtantes. » (page 460)

« Nous vivons sous la pression constante de ces pensées refoulées qui essaient de se frayer un chemin jusqu’à la conscience. C’est pourquoi il nous arrive souvent d’avoir « la langue qui fourche », c’est-à-dire de faire des lapsus. C’est ainsi que des réactions inconscientes peuvent guider nos sentiments et nos actions. » (page 461)

« Une autre solution consiste à rationaliser. C’est-à-dire que nous nous donnons toutes sortes de mauvaises raisons pour justifier nos actes à nos yeux et à ceux des autres, tout simplement parce que la vraie raison serait trop terrible à avouer. » (page 461)

« Il nous arrive aussi de nous projeter. […] Le terme projeter signifie ici que nous prêtons à d’autres des sentiments ou des pensées que nous avons refoulés en nous-mêmes. Quelqu’un de très avare, par exemple, reconnaîtra vite l’avarice chez autrui. Un homme ou une femme qui aura honte d’avouer qu’il ou elle s’intéresse à la sexualité aura tôt fait de critiquer les autres et les traiter d’obsédé(e)s sexuel(le)s. » (page 462)

« Freud prétend que notre vie quotidienne fourmille de tels exemples d’actions inconscientes. Nous oublions constamment le nom d’une certaine personne, nous tortillons nos vêtements pendant que nous parlons ou nous déplaçons sans nous en rendre compte certains objets apparemment anodins. Sans parler de toutes ces fois où notre langue fourche et où nous disons des mots pas si innocents que ça. Tout cela, ce ne sont selon Freud que des symptômes. Ces lapsus d’action ou de langue trahissent en fait nos secrets les plus intimes. » (page 462)

« Un névrosé est quelqu’un qui fait tout son possible pour chasser de sa conscience tout ce qui le « met mal à l’aise« . Le plus souvent, il s’agit d’expériences d’une telle importance qu’il est vital pour la personne de les refouler. Freud appelait ce genre d’expériences particulières des traumatismes. Le terme grec trauma signifie blessure. » (page 462)

« Freud mit au point ce qu’il a appelé la technique d’associations libres. Le patient est allongé dans une position décontractée et parle librement de tout ce qui lui vient à l’esprit, de futilités comme de choses graves ou pénibles. L’art du praticien va consister à casser ce « couvercle » ou ce « contrôle » qui maintient enfermés les traumatismes. Car ce sont précisément ces traumatismes qui occupent constamment le patient. Ils agissent en permanence, mais la personne de s’en rend pas compte. » (page 463)

« La « voix royale » qui selon Freud mène à l’inconscient, ce sont nos rêves. Son livre le plus important qui parut en 1900 s’intitulait justement De l’interprétation des rêves. Il y explique que nous ne faisons pas des rêves comme ça, par hasard. À travers eux, les pensées inconscientes essaient de se frayer un chemin jusqu’à la conscience. » (page 463)

« Après avoir passé des années à traiter ses patients et avoir analysé leurs rêves mais aussi les siens, Freud parvient à la conclusion que tous les rêves permettent la réalisation du désir. […] Le problème chez les adultes, c’est que leurs désirs – que leurs rêves permettront de satisfaire – sont bien souvent déguisés. Car même quand nous dormons, nous exerçons une censure sévère vis-à-vis de ce que nous nous permettons de désirer. Bien sûr cette censure, ce mécanisme de refoulement, est moindre dans le sommeil qu’à l’état de veille, mais il reste suffisamment fort pour que dans le rêve nous déplacions l’objet du désir que nous refusons d’admettre. » (page 464)

« Freud indique qu’il faut distinguer entre le rêve tel que nous nous en souvenons le lendemain matin et son sens profond. Les images proprement dites du rêve, le film ou la vidéo de notre rêve, il appelle cela le contenu manifeste du rêve. Ce contenu « apparent » du rêve trouve toujours sa source dans les évènements de la veille. Mais le rêve a un sens caché qui échappe à la conscience : c’est le contenu latent du rêve. Ces pensées cachées, qui sont ce dont parle le rêve, peuvent remonter très loin, parfois même jusqu’à la petite enfance. » (page 464)

« La transformation du contenu latent en contenu manifeste du rêve, c’est ce que Freud a appelé le travail du rêve. » (page 464)

« Freud voyait dans le rêve la satisfaction masquée de désirs refoulés. » (page 465)

« En 1924, André Breton publia le Premier Manifeste du surréalisme où il déclare que l’art doit jaillir de l’inconscient. L’artiste doit selon lui retrouver dans l’inspiration la plus libre possible des images oniriques et tendre vers une « surréalité » où il n’existe plus de frontières entre le rêve et le monde réel. » (page 466)

« Il suffit d’avoir soulevé un peu la chape qui recouvre l’inconscient. C’est ce qu’on appelle l‘inspiration, Sophie. » (page 467)

« Il ne faut surtout pas que sa raison et ses réflexions après coup empêchent l’épanouissement d’une émotion plus ou moins inconsciente. » (page 468)

« Il est essentiel pour un artiste de « se libérer ». Les surréalistes essayèrent de se mettre dans un état tel que le choses semblaient venir d’elles-mêmes. Il se mettaient devant une feuille de papier vierge et notaient tout ce qui leur passait par la tête. Ils appelèrent ça l’écriture automatique. » (page 469)

Qu’est-ce qu’est la créativité ?
« – Est-ce que cela ne veut pas dire que l’on crée quelque chose de nouveau ?
– Très juste. Et cela est justement le résultat d’une collaboration intelligente de l’imagination et de la raison. » (page 469)

L’époque contemporaine

À propos de Nietzsche :
« Lui aussi s’était élevé contre la philosophie de Hegel et l’historicisme allemand. Il opposa, à cet intérêt désincarné pour l’histoire et à ce qu’il appelait une morale d’esclave chrétienne, la vie elle-même. Il voulut opérer une transmutation de toutes les valeurs afin que l’épanouissement des forts ne soit pas entravé par les faibles. » « (page 481)

« Sois fidèle à la terre, disait-il, n’écoute pas celui qui te promet une vie meilleure dans l’autre monde. » (page 482)

« « L’existentialisme est un humanisme« , déclara Sartre. Il voulait dire que les existentialistes n’ont pas d’autre point de départ pour leur réflexion que l’homme lui-même. » (page 482)

« Sartre prétend que l’existence précède toute signification qu’on veut en donner. Le fait que j’existe précède la question de savoir ce que je suis. « L’existence précède l’essence », dit-il. » (page 483)

« Par essence, nous entendons ce qui constitue une chose, c’est-à-dire sa nature ou son être. Mais Sartre ne pense pas que l’homme ait une nature innée de cet ordre. C’est à l’homme de se créer lui-même. Il doit créer sa propre nature, son essence, parce qu’elle n’est pas donnée au départ. » (page 483)

« Dans toute l’histoire de la philosophie, les philosophes se sont interrogés sur l’essence de l’homme, sur sa nature. Mais Sartre pensait que l’homme ne possède pas une nature éternelle de ce genre. C’est pourquoi se poser des questions sur le sens de la vie en général n’a aucun sens. Nous sommes en d’autres termes condamnés à improviser. Nous sommes ces acteurs qu’on a poussés sur scène sans qu’on leur ait distribué de rôle bine défini, sans manuscrit en main et sans souffleur pour nous murmurer ce que nous avons à faire. Nous seuls devons choisir comment nous voulons vivre. »(page 483)

« Mais quand l’être humain prend conscience de son existence, de la mort qui l’attend un jour, et qu’il ne trouve pas de signification à laquelle s’accrocher, il est saisi d’angoisse, dit Sartre. Tu te rappelles peut-être que Kierkegaard lui aussi décrivait l’angoisse comme étant caractéristique de la situation existentielle de l’homme. » (page 483)

« Sartre ajoute que l’homme se sent étranger, de trop, dans un monde dépourvu de sens. […] Ce sentiment d’être un étranger sur terre crée un sentiment de désespoir, d’ennui, de dégoût et d’absurdité. » (page 484)

« L’homme est condamné à être libre, dit-il (Sartre). Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et cependant libre. Car une fois qu’il est jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait. » (page 484)

« Nous sommes entièrement responsable de nos actes. Sartre insiste beaucoup sur ce point : l’homme ne peut pas rejeter la responsabilité de ses propres actes sur autrui ou sur autre chose. Nous devons assumer nos propres choix et non prétendre que nous « devons » aller travailler ou que nous « devons » tenir compte des convenances de la société bourgeoise pour savoir comment nous allons vivre. » (page 484)

« Quelqu’un qui subit ces pressions de l’extérieur devient un être anonyme qui se fond dans la masse. Cette personne se ment à elle-même pour entrer dans le moule, elle se réfugie dans la mauvaise foi. La liberté de l’homme, au contraire, nous pousse à devenir quelque chose, à être autre chose que des pantins, à exister véritablement, de manière « authentique« . » (page 484)

« Il (Sartre) n’est pas non plus ce que nous appelons un nihiliste. […] C’est quelqu’un qui considère que rien n’a de sens et que tout est permis. Sartre pense que la vie doit prendre un sens. C’est un impératif. Mais c’est à nous de donner un sens à notre propre vie. Exister, c’est créer sa propre existence. » (page 485)

« Le théâtre de l’absurde s’oppose au théâtre réaliste. Le but consistait à montrer sur scène l’absurdité de l’existence pour amener le public à réagir. » (page 487)

« Le théâtre de l’absurde met souvent en scène des situations tout ce qu’il y a de banal. […] L’homme est représenté exactement tel qu’il est. Mais si tu montres sur scène de théâtre exactement ce qui se passe dans une salle de bains un matin comme les autres dans la maison de monsieur Tout le monde, je te garantis que le public est plié en deux. On peut interpréter ce rire comme étant une protection qui évite à chacun de se reconnaître mis à nu sur scène. » (page 488)

« Le théâtre de l’absurde présente parfois aussi des traits surréalistes. Les personnages sur la scène se retrouvent dans les situations les plus invraisemblables, comme dans un rêve. En voyant ces acteurs évoluer dans des conditions imposées sans pouvoir manifester leur désaccord, le public, lui, est obligé de s’étonner et de réagir justement à ce manque de réaction. […] Par le biais du rire, les spectateurs sont contraints de s’interroger sur leur propre existence qu’ils peuvent enfin voir avec une certaine distance. » (page 488)

« Une question philosophique est par définition une chose à laquelle chaque génération, voire chaque personne, est et restera confrontée. » « (page 489)

« C’est devenu une véritable industrie. Dès que le Christianisme a baissé dans els sondages, ces prétendues doctrines ont poussé comme des champignons en prétendant offrir aux gens un nouvel art de vivre. » (page 491)

En parlant des livres de ces doctrines :
« Il y a en tout cas beaucoup de charlatanisme là-dedans. Mais ça se vend aussi bien que la pornographie. Au fond, ça revient presque au même. On leur raconte exactement ce qui excite leur esprit. Mais il y a autant de lien entre la vraie philosophie et ce genre de livres qu’entre le vrai amour et la pornographie. » (page 493)

« Cela s’appelle la parapsychologie […] Dans la plupart de ces livres, on ne trouve au départ aucune expérience réelle. » (page 493)

Le Big Bang

« Quand nous observons l’univers, nous regardons en fait le passé. Nous ne pouvons faire autrement. Nous n’avons aucun moyen de connaître l’univers comme il est, nous pouvons seulement le connaître tel qu’il était. L’étoile que nous apercevons à des milliers d’années-lumière nous permet en réalité de voyager dans l’histoire de l’univers en remontant le temps. » (page 536)

« D’un point de vue chrétien, il serait logique de penser que l’univers continuera à s’étendre. […] En Orient, on a davantage une conception cyclique de l’histoire. » (page 539)

« Il existe en Inde une vieille croyance selon laquelle le monde s’étend en permanence jusqu’au moment om il se ramasse sur lui-même. Ainsi alternent ce que les Indiens appellent « le jour du Brahma » et « la nuit du Brahma » . Cette croyance correspond bien sûr davantage à un processus cyclique de l’univers. Il faut s’imaginer un gros coeur cosmique qui bat et bat… » (page 539)

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