Mon maitre et mon vainqueur

Mon maître et mon vainqueur

De François-Henri Désérable

Sommaire

Résumé 

« Le cahier, c’était la première chose que m’avait montrée le juge, quand tout à l’heure j’étais entré dans son bureau. Sous la couverture souple et transparente, on pouvait lire au feutre noir : MON MAÎTRE ET MON VAINQUEUR. Sur les pages suivantes, il y avait des poèmes. Voilà ce qu’on avait retrouvé sur Vasco : le revolver, un cahier noirci d’une vingtaine de poèmes et, plus tard, après expertise balistique, des résidus de poudre sur ses mains. Voilà ce qu’il en restait, j’ai pensé, de son histoire d’amour. »

 

Caractéristiques 

Auteur : François-Henri Désérable
Nombre de pages : 224
Année de parution : 2021
Éditeur : Gallimard

 

Notes 

« La tendresse, l’affection qu’elle avait pour lui palliaient le plaisir qu’elle n’avait plus avec lui – qu’elle n’avais jamais eu avec lui, allais-je écrire, mais que sais-je ? -, et quand le désir était si fort qu’il lui fallait l’assouvir […], elle se levait, s’allongeait sur son canapé, allumait son ordi, allait sur YouPorn, se faisait jouir rapidement puis retournait se coucher ; Edgar ronflait. » (page 62-63)

«Moi, dormir avec ? Pourquoi pas mais l’ennui
C’est que vous ne puissiez fermer l’œil de la nuit. » (page 63)

« Dès lors que vibrait son téléphone, son cœur se serrait, son espoir se ranimait : c’était *lui* qui l’appelait, qui venait de lui écrire. Or non, ça n’était pas lui, ça n’était jamais lui, si bien qu’elle avait pensé bloquer son numéro, davantage pour s’interdire d’espérer qu’il l’appelle ou lui écrive que pour lui interdire, à lui, de le faire, car ses journées alors ne se réduisaient plus qu’à cela : attendre et espérer. » (page 64-65)

« En vertu du moins de ce j’appelle le théorème de Magritte […] il y avait deux sortes de peintres, ceux qui s’adressent à l’œil, et ceux qui s’adressent à l’esprit : les premiers peignent comme on peint, et les seconds comme on pense. […] *La clairvoyance* – c’était le nom du tableau : un autoportrait du peintre devant son chevalet, om on le voit qui regarde un œuf posé sur une table en même temps qu’il peint un oiseau aux ailes déployées. […] le peintre regarde l’œuf, mais boit l’oiseau : les conséquences de l’œuf. » (page 69-70)

« Il disait encore: elle m’a aimé, follement, férocement aimé, indubitablement aimé puis tout à coup s’est détournée de moi, m’a récusé comme Rimbaud récusa ses poèmes. J’avais tout, disait-il. Et puis il nuançait : je croyais tout avoir, elle n’est pas venue *combler* un manque; elle est venue en *créer* un. Il disait aussi : la rupture amoureuse est pire que la mort, c’est le deuil pour soi-même d’une personne encore en vie, que d’autres pourront voir et entendre et sentir et toucher. » (page 89)

« Et qu’est-ce que la vie ? […] De petites bonheurs éphémères, dominés par d’insondables chagrin. Et on n’en continue pas moins d’aller au bureau, et de dire bonjour aux collègues, et de rire à leurs blagues, on n’en continue pas moins de jouer la comédie du bonheur, alors qu’en vérité on porte un masque à même la peau […] une seconde peau, rieuse et joyeuse par-dessus l’autre, défigurée par la douleur. » (page 89-90)

« […] moi je vois la vie comme deux lignes parallèles : la première représente ce à quoi l’on aspire, ce que l’on voudrait être ; la seconde, ce qu’on est réellement. Et bien sûr elles ne se superposent jamais tout à fait, mais tout l’enjeu est d’en réduire l’écart autant que possible. On ne mesure pas la réussite d’une vie à l’écart en ces deux lignes, mais à l’effort consenti pour le réduire. » (page 122-123)

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